vendredi 13 avril 2012

Vers l'externalisation de la fonction "chef de projets"

J'observe que le chef de projets, collaborateur salarié d'une agence événementielle, est en voie de disparition. La fonction subit, avec la période économiquement tendue que nous traversons, de profondes modifications. Beaucoup d'agences événementielles ont réduit la voilure devant l'incertitude du business, une donnée inhérente au marché, mais qui s'est amplifiée ces derniers temps. Et les premières victimes ont été les chefs de projets, dont le nombre a, selon moi, considérablement diminué en tant que collaborateurs en CDI.


Des chefs de projets désormais free lance
Les agences se sont de plus en plus structurées en mode projet. Elles font donc appel au chef de projet seulement quand l'affaire est gagnée. Le chef de projets devient le chef du projet, appelé quand c'est nécessaire. Il est donc de plus en plus employé en CDD, mais ce sont les statuts d'intermittent ou d'auto-entrepreneur qui sont déjà privilégiés. Les agences se sont recentrées sur les fonctions de développement commercial, souvent assuré par le ou les associés, de direction de création, pour conserver la maîtrise du contenu et de l'idée, leur valeur ajoutée, et parfois de direction de clientèle, pour développer les trop rares clients fidélisés. Après avoir externalisé les fonctions de production et de logistique il y a bien longtemps, elles se séparent donc de la maîtrise d'oeuvre opérationnelle, et ce qui s'en suit comme la coordination du projet ou, pendant la phase terrain, le contact avec le client.

Les agences perdent une partie de la relation clients
Cette tendance a un double impact. Elle démontre, en premier lieu, que l'agence mise d'abord sur sa créativité pour se développer et faire la différence, et non sur sa capacité de produire. La production d'événement, dans toutes ses dimensions, s'est effectivement professionnalisée. Même si la mise en place en place d'un événement nécessitera toujours vigilance et concentration, la qualité de réalisation s'est considérablement améliorée. Et les agences ont raison de se concentrer sur l'idée, sur la mécanique, sur le dispositif, sachant qu'elles sauront trouver les professionnels adéquats pour réaliser. Mais, dans un deuxième temps, le rôle joué par le chef de projets (avec un s) salarié dans la relation clients n'est pas remplacé. En interne, le chef de projets était un vecteur supplémentaire de la culture et de la valeur ajoutée de l'agence, un lien incontournable avec les donneurs d'ordres. Et ce rôle-là, que je juge essentiel, n'est donc plus assuré par un salarié de l'agence, mais par un chef de projet (sans s) qui vend sa compétence à plusieurs structures concurrentes.

Toutes les études sur la relation agence-annonceur montrent que les entreprises militent pour plus de proximité avec leurs agences. Et je ne suis pas sûr que l'externalisation de la fonction "chef de projets" aille dans ce sens...


1 commentaire:

  1. Message reçu de Mathias Lucien Rapeaud sur mon mail : "Tout à fait d'accord avec toi. Mais je pense que cela reste conjoncturel... Les agences et leurs dirigeants vont se rendre compte que cette situation ne peut perdurer.
    Car, les annonceurs ne sont pas dupes non plus !
    Et pour ce qui est des "idées", l'externalisation a déjà commencé depuis qq temps…
    Si je poursuis ton article, il faudrait carrément se poser la question du rôle même de l'agence…"

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