C’est sûr, les déclarations d’intention sur le
développement durable (DD) et la responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE)
ne manquent pas sur le marché Event & Meeting. Du côté des donneurs d’ordres,
59% disent tenir compte de ces questions (étude annuelle 2012 Bedouk/Coach
Omnium). Chez les opérateurs, le collectif Éco-événement, composé des 7
principales associations de la filière, s’engage à
promouvoir, depuis quelques années, une démarche éco-responsable et des
événements éco-conçus.
Sur le terrain, la situation n’est pas aussi
glorieuse et n’indique aucun signe positif.
Pour preuve, j’ai personnellement
réalisé une étude à partir des compétitions auxquelles mes clients (agences,
lieux, prestataires) ont participé sur l’année 2011, compétitions menées pour
moitié par des entreprises et des collectivités territoriales. Sur 157 appels
d’offres, seuls 13 dossiers (soit 8,3%) intégraient des questions sur la
politique de DD et de RSE de leurs futurs fournisseurs. Sur ces 13
compétitions, 5 (soit 3,2% du total) avaient de véritables exigences, avec un
questionnaire imposant et précis.
La démarche RSE n'est pas un critère de choix pour les donneurs d'ordres
La conclusion est claire : il n’y a pas,
chez les donneurs d’ordres, de prise en compte généralisée du DD et de la RSE
dans le choix des partenaires événementiels. L’étude Bedouk/Coach Omnium le
confirme en relevant que la
prise en compte environnementale par les prestataires MICE n’est que très
rarement déterminant dans le choix d’un partenaire. Je me
souviens d’ailleurs d’un leader mondial de la santé, prescripteurs d’un nombre
important d’événements de tous genres, qui n’a pas mentionné, dans une
compétition pour un référencement sur deux ans, la moindre question sur les
démarches environnementales et sociales de son futur partenaire. Alors que
l’entreprise s’est dotée en interne d’une charte parmi les plus exigeantes…
Les opérateurs événementiels peu impliqués
Si
les organisateurs d’événements ne considèrent clairement pas le DD et la RSE
comme des critères de choix du partenaire événementiel, on ne peut pas dire que
les opérateurs soient globalement plus impliqués, malgré Éco-événement.
Certains intègrent bien dans leur offre un produit ou un service qu’ils disent
éco-responsable. On est davantage dans l’opportunité et la communication que
dans la démarche structurelle. J’en tiens pour preuve le taux très faible des
opérateurs qui ont adopté un référentiel reconnu garant de leurs efforts.
Combien d’agences, prestataires ou de lieux adhèrent aux ISO 9001 (qualité),
18001 (social), 14001 (environnement), voire 26000 (responsabilité sociétale de
l’entreprise)* ? Hormis quelques palais des congrès, dont certains sont
soumis à une rude concurrence internationale, combien de lieux, d’agences ou de
prestataires se sont engagés dans cette voie ?
Pourquoi si peu d'acteurs certifiés ?
À l'échelle
internationale se développe une norme ISO 20121 prévue pour l’été et dédiée
spécifiquement au management d'un événement, quelque soit sa taille. Ce sont
les Anglais et les Brésiliens (organisateurs des deux prochaines éditions des
JO d'été) qui travaillent ensemble sur le sujet**. La France, terre
d’événements, est-elle active à la table de la réflexion ? Je n’ai aucune
information qui prouverait qu’elle le soit, ce qui montre encore une fois son
intérêt pour ce type de certification. Certes, on voit apparaître quelques
labels sectoriels (PrestaDD, dernier en date), dont les cahiers des charges
semblent sérieux, mais je n’arrive pas à comprendre pourquoi on dépense de
l’énergie à les créer et à les promouvoir, alors que l’ISO pourrait parfaitement
apporter une réponse. Je ne veux pas croire que le coût (entre 2000 et 10000
euros, selon la complexité de l’organisation) soit un frein. Alors, chers
professionnels de l’événement, qu’attendez-vous pour faire la différence et
émerger ?
Stop
aux discours d’intention éco-machins et place aux actions éco-responsables visibles. La France est assurément en retard. La crédibilité des
donneurs d’ordres comme des opérateurs en dépend. Surtout dans un contexte de concurrence internationale.
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